Dévoilée
Documentation photographique de l’artiste Bruno Oliveira sur le travail de Aïda Schweitzer pour son dossier d’admission à la Cambre
La Cambre Bruxelles (B) – Casino Forum d’art contemporain (L) – Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois – TROIS C-L – Photos (©) Bruno Oliveira
Voi L e sans issue ?
La manière dont les femmes ont été représentées à travers l’histoire a toujours soulevé des interrogations quant à leur relation avec leur propre image et les préjugés qui en découlent. Cette étude documentaire débute en mettant en avant l’artiste qui reste totalement invisible, pour progressivement atteindre une forme de nudité en adéquation avec sa création et son identité personnelle.
Aïda, qui a été rebaptisée Patricia Schweitzer lors de son adoption, est née en France et a des origines égyptiennes. Cependant, elle ne connaît qu’une partie de son histoire et l’autre partie, y compris un endroit dont elle ignore l’existence, reste enfouie en elle. Dans ce contexte d’identité fragmentée, elle révèle progressivement sa vulnérabilité et se met à nu.
« Si nous regardons cette image, nous pouvons facilement établir un lien avec la religion, rappelant certaines images bibliques telles que la dévotion à Dieu, à Allah ou tout autre croyance. Cela suscite la question de savoir s’il y a un mystère à dévoiler, et si nous devrions chercher à comprendre et à accepter les différentes croyances religieuses. Est-ce un choix personnel ou est-ce imposé? Est-ce que la société est submergée par les contraintes religieuses? Chacun peut interpréter cette image à sa manière. »
Couvre toi et ne prend pas froid…
Le voile, sa façon dont il est abordé à travers cette série de photos pose la question des enjeux d’identité; ce qui est caché est-il suspect ? Au départ, l’artiste est tête baissée, totalement couverte afin de ne rien dévoiler. L’identité dans l’image perd sa visibilité et laisse la place à une forme sculpturale noire.
Sous cette Niqab que l’on peut confondre avec une burqa, en comparaison à la réaction faite autour finalement d’un drap de tissu, cette matière qui a suscité un débat souvent réducteur au niveau national, teinté d’incompréhension, de rejet, de confusion, d’actes de violence mais de si peu de compassion. L’artiste s’incline. Est-ce une position de recueillement ?ou au contraire une position de soumission ?
Le fantasme « du vautour »
Dans cette série, l’artiste pose dans une version « d’imagerie contemporaine ».
De tout temps le nu est abordé, fantasmé, la représentation du corps dévoilé…Aborder la nudité dans le monde arabe sans heurter est à l’heure actuelle un exercice difficile et périlleux. Prendre des précautions « ou/et » prendre position.
Le corps se dévoile progressivement dans ces clichés, entre précaution et discernement, le nu apparaît Aïda dévoile ses opinions pudiquement…
Proposition indécente! ou le client « potentiel » qui lui a récemment proposé un atelier d’artiste en échange de gâteries sexuelles, un endroit de création…contre une pipe ! Ce deal de l’art est loin d’être équitable voir parfois inévitable. Là le client propose, l’artiste dispose…de peu de moyen face au « prédateur » qui l’a sait vulnérable. Chair payée ou payer cher sa place dans une société où l’artiste « femme » est souvent « parlé mâle » peu considérée… Confusion des émotions, se cacher ou s’exposer ? Dans une posture d’affront, l’artiste se sent prête à se confronter aux préjugés, puis faiblit…En descendant cet escalier de marbre, elle perd de sa belle assurance pour finir par se cacher derrière un pilier censé la protéger. S’interroger sur sa condition sociale. Telle une prostituée, les seins nus, le sexe caché. La féminité, l’élégance …des clichés, qui contraste face au sentiment d’humiliation qu’elle ressent.
La pute de l’art Qui l’a fait ? Qui l’est ?
Ne pas céder à l’intimidation… Pour l’artiste qui estime la chance de vivre en démocratie. « En soutien » aux femmes oppressées, harcelées, agressées, violentées. Le traitement discriminatoire qu’elles subissent est révoltant ! J’ai connu L’Egypte par le passé où tu pouvais être une femme libérée et puis tout a basculé… Mon soutien à toutes celles qui luttent dans le monde.
MâleTraîtée
Les larmes de mon corps
L’artiste dévoile sa fragilité, sa vulnérabilité, la mise à nu de ses émotions, le rapport à la souffrance à travers une performance où sans prévenir l’émotion envahit l’espace. « Craque » son corps et son esprit s’abandonne, la faille s’ouvre et l’artiste dans un élan en mouvement penchée en avant se brise. Le temps suspendu… Un autre cliché intervient, les larmes sont colorées de rouge sang symbole des drames, l’urne des deuils que l’artiste a vécu. Retenir le souffle de la vie et danser pour lui rendre hommage. L’après /moment d’émotion capturé par Bruno.
Voulez-vous jouer avec moi ?
En plongeant dans son imaginaire, l’artiste laisse libre cours à son côté espiègle qui révèle un autre aspect de sa personnalité. Elle rit souvent, sans retenue, et s’amuse à détourner les situations de la vie quotidienne. Sa spontanéité est une caractéristique fondamentale de sa personnalité, tout comme son amour pour les voyages.
Conduite en état d’ivresse
Performance, danse contemporaine
Dans un jeu de mouvements, l’ensemble capture l’esthétique de l’ordinaire, le corps imparfait désobéit aux normes, aux dictats loin des clichés actuels, rompt avec les codes esthétiques. Le rapport au corps, objet pour l’artiste et non sujet à travers la danse qu’elle pratique depuis enfant avec une formation classique est devenu sa marque de fabrique. Reflet d’une société où le ‘mythe’ du corps est mis à rude épreuve, que l’on retrouve dans ces photos, s’accepter tel que l’on naît…